Relever des défis extraordinaires

Je contacte l’enfant de manière à ce que lui-même rentre en contacte avec lui-même. Me « coulant » dans son système nerveux, je deviens pour lui un « générateur » d’expériences sensorimotrices de plus en plus diversifiées, subtiles et adaptées à son intention. L’accord de nos deux systèmes nerveux, l’opportunité d’expérimenter plus de mouvements aléatoires et plus de mouvements fonctionnels permet à l’enfant de trouver de nouvelles solutions et progresser.

Le cerveau organise une unité fonctionnelle et non des parties.

A l’inverse d’autres thérapies, nous ne nous intéressons pas spécifiquement aux muscles (étirements, renforcements, corrections), mais plutôt aux commandes motrices, c’est-à-dire au cerveau, organe simulateur d’action. Étant donné que le cerveau fonctionne selon un schéma général d’action, nous ne travaillons pas sur l’amélioration d’une partie du corps mais sur la fonction qui détermine un certain usage de soi.

Les mouvements « aléatoires » sont organisateurs et l’apprentissage est non linéaire.

Le développement de notre complexité humaine s’initie du fait de notre interaction avec l’environnement par l’intermédiaire de notre activité sensorimotrice. Il est nécessaire de comprendre que le bébé génère d’innombrables variations dites aléatoires qui lui permettent de « se créer » dans le champ de la gravité. C’est par elles que les opportunités d’apprentissage arrivent. D’où l’importance primordiale des différents portages et des divers mouvements libres au sol jusqu’à la station érigée : éviter le « stationnement » prolongé dans les transats, sièges bébés, etc.

En ce qui concerne les enfants aux besoins spécifiques, il s’agit de trouver les possibilités d’expérimenter tous les mouvements aléatoires organisateurs qu’ils n’ont pu effectuer, par exemple du fait d’une trop grande plasticité, ou dont certaines étapes n’ont pu se dérouler dans des conditions optimales. Nous allons justement leur donner l’occasion d’expérimenter toutes ces variations vécues comme les plus aisées possibles. Elles seront intégrées au moment où l’enfant agira selon le but qu’il poursuit.

Le résultat est dans le processus et non le contraire.

Il s’agit donc de ne pas penser uniquement en positions et étapes de développement, mais de permettre au bébé et à l’enfant d’expérimenter tous les composants sensorimoteurs qui feront émerger telle ou telle action. Par exemple on n’apprend pas à un bébé à être sur le ventre et à ériger la tête en le mettant sur le ventre. C’est en roulant du dos sur le ventre de nombreuses façons différentes,  notamment dans le but de suivre un objet des yeux, que chaque bébé expérimente son organisation dans le champ de la gravité. Sa colonne vertébrale acquiert ses courbes, et donc la possibilité de la verticalisation, grâce à cette diversité de mouvements liée à ses intentions. D’autres transferts de poids suivront, grâce à des synergies musculaires et motrices, conduisant à des aptitudes nouvelles : attraper un objet, ramper, s’asseoir ou marcher à quatre pattes, etc. Le résultat est dans le processus et non le contraire.

La reconnaissance, le sens et le plaisir sont moteurs pour l’intégration

En validant ce que l’enfant fait déjà, nous nous engageons dans un processus qui fait sens pour lui. C’est en rencontrant son intention – qui est toujours de « faire bien » – que le processus d’organisation qui est celui de l’apprentissage peut démarrer. Chaque enfant est pris au stade où il en est, avec ses capacités actuelles. En effet, lui demander beaucoup d’efforts ne fait qu’inhiber ses capacités. Il ne s’agit pas de corriger, de rectifier ou de s’entraîner durement à ce qu’on ne parvient pas à faire, mais plutôt de découvrir et de développer ce qui est plus aisé car fonctionnel.

L’enfant intègre ce qui fait sens pour lui, c’est-à-dire ce qui est fonctionnel et porteur de joie.